Le chef d’Escadron Jean Vérines

Né dans le Limousin à Brive-La-Gaillarde de Germain Antoine Vérines, comptable, et de Jeanne Marie Emilie Tournier, Jean Vérines est un sportif accompli qui possède le goût de l’effort. Il pratique la gymnastique, le saut en hauteur, l’escrime et le rugby. Il connaît une jeunesse difficile car il est orphelin et doit travailler très tôt. Jean Vérines est âgé de 20 ans quand éclate la première guerre mondiale.
Ce sera l’occasion pour lui de démontrer son courage et ses qualités de chef. Il est mobilisé le 6 septembre 1914 comme soldat au 126ème régiment d’infanterie, puis au 147ème le 24 mars 1915 à l’occasion de sa promotion au grade de sergent. Il est blessé le 16 juin 1915 et se voit attribuer la Croix de guerre. Il est promu aspirant le 16 avril 1916, puis sous-lieutenant le 18 septembre suivant. Au cours d’un combat il perd un œil. Il sera nommé chevalier de la Légion d’honneur le 6 mars 1918 avec la citation suivante : « Officier d’une énergie et d’une bravoure remarquables. A été blessé grièvement le 29 avril 1917 à Sapigneul, en observant l’ennemi par- dessus le parapet au cours d’une alerte. Perte de la vision de l’œil droit. Une blessure antérieure. Trois citations. ».
En juin 1919 Jean Vérines opte pour la Gendarmerie. Il sert en métropole, puis dans le corps d’occupation de Constantinople en 1921. Il s’y marie avec Emilie du Cordmez le 7 août 1921. Il est ensuite affecté en Syrie le 14 décembre 1921.
Rapatrié en France en 1922, il est affecté à la section de gendarmerie de Saint-Pierre (La Réunion) le 3 janvier 1924. Le 1er janvier 1928, il est promu au grade de capitaine, et au grade d’officier de la Légion d’honneur le 10 décembre 1936.
Le 20 juin 1937, il est promu chef d’escadron et prend le commandement du 3ème bataillon de la Garde républicaine, qu’il cumule avec les fonctions de directeur des sports de la Garde. Le 10 juin 1939, il commande le service d’honneur lors de l’inauguration de la statue du maréchal Joffre, devant l’école militaire.
La défaite de 1940 le blesse cruellement et il la refuse. Aussi, dès le mois d’août, il devient l’un des chefs du réseau Saint-Jacques, du nom de guerre d’un des officiers envoyés de Londres par la France libre pour organiser la résistance sur le sol national. Ce réseau créé sous l’impulsion de Maurice Duclos, son fondateur et émissaire du général de Gaulle, devient le premier réseau en France occupée. Il organise ainsi un réseau de renseignement couvrant le nord de la France et les plages de Normandie, envoyant notamment des gardes bretons ou normands en permission pour espionner les préparatifs ennemis.
Bien qu’il se sache menacé, Jean Vérines n’en demeure pas moins à son poste. Le 10 octobre 1941 il se fait arrêter à la caserne du Prince Eugène, alors qu’il venait tout juste d’être nommé commandant militaire de l’hôtel des Invalides le 23 septembre. Il y détient les plans de la base de sous-marins de Lorient, mais ceux-ci échappent à la fouille et son fils les remettra au réseau qui les feront parvenir à Londres.
Il résiste à tous les interrogatoires et ne livre aucun de ses compagnons d’arme. Il est transféré à la fin de l’année 1941 à Düsseldorf. Il y reste durant presque deux années. Mal nourri, dans un dénuement total, devenu presque aveugle et sans nouvelle de sa famille, il conservera tout au long de sa détention un courage et une dignité qui impressionneront ses geôliers. Il est condamné à mort, et demandera à être fusillé dans sa tenue de la Garde. Il est exécuté le 20 octobre 1943 à Cologne.
A la fin de la guerre, il est promu lieutenant-colonel à titre posthume le 17 mai 1945.

Place la République, le 22 novembre 1947, la caserne du Prince-Eugène prend son nom.