LES ÉQUIPEMENTS

Le Casque

Texte extrait du livre  » La Cavalerie de la Garde Républicaine  » du Colonel Jean-Louis Salvaldor (2007-Éditions Belin), reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Le casque est composé de 84 pièces qui nécessitent cinq jours de travail à un artisan qualifié pour les assembler.

Les cavaliers du régiment de cavalerie de la Garde républicaine sont les derniers militaires de l’armée française à porter un casque de tradition. Héritier des coiffures de cuirassiers et dragons, ce modèle contemporain fait figure de jeune homme puisqu’il ne date que de 1876 et vient de subir sa dernière modification. Voici tout ce que vous souhaitiez savoir sur cette perle de collection et n’osiez le demander. Entretenus avec soin, les casques de la Garde républicaine ne sont pas à vendre. Selon l’état, le casque modèle 1876 oscille entre 600 et 1200 euros dans les ventes de militaria. Son poids est de 1,5 kg environ. Son point fort est une grande stabilité liée à un enveloppement maximum de la bombe et à l’attache basse de la crinière. Son point faible est un cimier qui n’aime pas les chutes.

LE CASQUE ET SES DÉTAILS

Le port du plumet peut indiquer non seulement le grade mais aussi la fonction. Il n’est pas systématique, puisqu’uniquement arboré en grande tenue de service, contrairement à la houppette, maintenue par le marmouset en haut du cimier.

Plus d’informations sur les différents plumets.

Le casque de la Garde républicaine n’est ni plus ni moins que le casque de dotation des cuirassiers modèle 1871-1874. La Garde républicaine le reçoit le 19 juin 1876, le bandeau frontal estampé d’une grenade, de feuilles de chêne et de laurier fait place au bandeau de même taille à l’écusson de la ville de Paris avec une nef à trois voiles.

À partir de 1876, cette coiffure ne connaîtra aucun changement significatif, si ce n’est le changement de bandeau aux époques suivantes :

  • 1908 : la Légion d’honneur, suprême distinction attribuée à la ville de Paris le 9 octobre 1900 par décret d’Emile Loubet, est apposée à la pointe de l’écusson.
  • 1933 : cette fois, c’est la Croix de guerre 1914-1918, octroyée à Paris le 28 juillet 1919 par le ministre de la Justice agissant sur ordre du président de la République Gaston Doumergue, qui provoque ce changement. Elle concorde avec un changement héraldique, puisque la forme originelle de l’écusson en pointe avec la nef à un seul mât est rétablie. Les deux décorations sont placées de part et d’autre de la pointe de l’écusson.
  • 1998 : Une troisième décoration équipe désormais le bandeau du casque modèle 1876 ; la Croix des compagnons de la libération attribuée par décret du 24 mars 1945 et dont le port est autorisé le 20 août 1949. L’image de l’ordre prend place à la pointe de l’écusson.

Faite de crins naturels, elle est montée sur une semelle de cuir et assemblée de 120 pincées de crins correspondant aux 120 trous du support. Elle est noire pour les escadrons de marche, rouge pour les cavaliers de la fanfare. En effet, il ne faut pas oublier que le trompette était le transmetteur incontournable de la guerre. À la botte de son colonel ou de son capitaine, son intervention était décisive pour orienter le combat dans le tumulte et les fracas de la bataille. Il fallait donc l’identifier sans hésitation. Dans le même ordre d’idée, jusqu’au XIXème siècle, les trompettes étaient remontés de chevaux gris. Edmond Rostand ne fait-il pas dire à l’un de ses héros : « Saperlipopette, vous êtes aussi blanc qu’un cheval de trompette ! ». La capacité de pénétration de la balle tirée par une arme à feu change les règles de la guerre : sur le champ de bataille, le trompette est le premier homme visé, d’où la remonte avec des chevaux de même robe que les escadrons. La crinière est séparée par une tresse qui suit la courbe du cimier jusqu’à sa jonction avec la bombe. Cette natte parachève le rôle essentiel de la crinière ; préserver le cavalier des coups de sabre de l’ennemi. En effet, un coup de sabre donné de haut en bas glisse sur les crins, rebondit sur le couvre nuque et épargne les épaules du cavalier.

Monobloc en acier nickelé tout comme la visière et le couvre-nuque, ses plus grands fabricants étaient les établissements Godillot (1860-1880), Franck Siraudin (1880-1900), Franck & fils (1912-1965), Dunois (série en inox de 1979 à 1984), puis Gaignon fabricant actuel. A l’arrière, sous la crinière, apparaissent deux numéros : la taille de la bombe (de 55 à 62) et le matricule de l’objet.

Elles diffèrent selon le statut du militaire. Pour les officiers, elles sont à feuilles de laurier et montées sur cuir à rosaces « marguerite », et pour les sous-officiers, elles sont à écailles découpées et montées sur cuir à rosaces circulaires à trois joncs en relief.

En crin ou en nylon rouge, elle est tenue par le marmouset (lentille et douille) vissé à l’avant de la crinière.

Le casque modèle 1876 est communément appelé « casque à la Minerve » ou « casque à la Gorgone ». Si le collectionneur creuse quelque peu cette appellation, la vision du cimier vaut bien une page de mythologie. Aussi, tirons le fil d’Ariane. Minerve appartient à la mythologie romaine, il semble qu’il y ait eu de bonne heure assimilation entre cette déesse et l’Athéna grecque. Protectrice du commerce, de l’industrie et des écoles, ce n’est qu’assez tardivement qu’elle a pris le caractère d’une divinité guerrière. A contrario, la Gorgone relève de la mythologie grecque. Pour être plus précis, il faudrait parler des Gorgones qui habitaient aux extrémités occidentales de la Terre, « monstres abhorrés des mortels à la chevelure de serpents et que jamais nul homme ne vit sans expirer » (Eschyle). Elles étaient trois sœurs : Sthéno, Euryale et Méduse, filles de Phorcys et de Céto. Une seule d’entre elles était mortelle : Méduse. C’est donc à elle que Persée, le valeureux guerrier que l’on sait, s’attaque armé d’une « harpé » d’airain que Hermès lui avait donnée. Il détourne les yeux et, laissant Athéna guider son bras, il frappe Méduse pour lui trancher la tête. Du cou ensanglanté surgirent Pégase et Chrysaor, le père du fameux Géryon. Persée met dans sa besace la tête de la victime et prend la fuite sur le dos de Pégase, poursuivi par les deux autres Gorgones. On peut donc supposer que Persée avait placé la tête de la Méduse à la cime de son casque afin de bénéficier de ses pouvoirs surnaturels et, par-là, pétrifier ses ennemis.